Un patrimoine culturel est mis en danger !
Par Marie Ange Barbancourt
Rédactrice en Chef et Directrice du développement Diamont History Group
Productrice, Actrice, Cinéaste
Peut-on se permettre de perdre 145 salles de Cinéma ?
Tout le monde au Québec a entendu parler des problèmes financiers du Groupe Guzzo. Des créanciers veulent mettre sous séquestre un patrimoine entier pour récupérer quelques millions, c’est extraordinaire !
Personne ne dit mot alors que nous n’avons pas beaucoup de salles pour la diffusion de nos films. Que se passe t-il ? Il n’y a même pas un soubresaut du milieu cinématographique, des institutions, des ministres de la Culture et du patrimoine pour que ces lieux de mémoire continuent d’exister.
Sauvons Cinémas Guzzo, un pillier de notre culture québécoise !
Je ne peux plus rester silencieuse devant ce qui se passe. Cinémas Guzzo, cette institution unique qui fait partie intégrante de notre patrimoine culturel québécois, est aujourd’hui menacée par un séquestre. Et pourtant… personne ne se lève pour défendre ce fleuron !
Cinquante ans d’histoire. Cinquante ans à soutenir notre cinéma québécois, à projeter nos histoires, à faire vibrer nos récits sur le grand écran. Cinémas Guzzo a présenté des festivals, ouvert ses portes aux films indépendants et québécois, et a toujours été un allié indéfectible pour notre communauté artistique. TOUJOURS ! Alors, où est cet amour pour le cinéma québécois quand, aujourd’hui, nous laissons cette chaîne – la plus grande chaîne indépendante québécoise – se battre seule contre un système qui cherche à l’écraser ?
Certains diront que la personnalité polarisante de Vincent Guzzo, Président et chef de la direction, peut diviser. D’autres critiqueront l’état des salles, qui auraient besoin de rénovations. Mais ce débat est hors de propos. Ce n’est pas Vincent Guzzo qu’il faut sauver, ce sont les Cinémas Guzzo. une entreprise qui a traversé une pandémie dévastatrice pour l’industrie culturelle, des fermetures prolongées, le retard de la mise en marché des blockbusters, une grève des scénaristes et des acteurs qui a paralysé le cinéma mondial, et une reprise encore fragile. Malgré tout cela, cette entreprise ne cherche pas à fuir ses responsabilités. Elle tente de trouver des solutions pour continuer d’exister.
Quand notre cinéma québécois francophone avait besoin de salles pour présenter ses films, Guzzo a répondu présent. Et maintenant que cette institution traverse des temps difficiles, où sommes-nous, nous, les gens du milieu, le public ? Où est notre solidarité envers un acteur si crucial de notre culture ?
Je veux aussi rappeler que la famille Guzzo a donné des millions de dollars à des causes philanthropiques dépassant largement le cadre de son champ d’activités. Ils ont soutenu des initiatives qui changent des vies. Ils ont redonné à la communauté encore et encore. Mais aujourd’hui, c’est à cette communauté de se lever pour eux.
Pourquoi gaspiller tout ce temps et dépenser des sommes faramineuses en avocats (des deux côtés) pour acculer une entreprise déjà éprouvée, alors qu’elle a besoin d’investissements, pas d’attaques ? Une lutte entre David et Goliath… Pourquoi ne pas tendre la main et aider une entreprise essentielle à se relever, plutôt que de chercher à l’achever ?
Je comprends qu’une banque veuille protéger ses intérêts, tout comme les bailleurs, les fournisseurs et les autres créanciers. Mais nous avons tous un rôle à jouer dans cette crise. Permettre à Cinémas Guzzo de retrouver son souffle après des années de défis imprévisibles, c’est la chose souhaitable. Il est temps de montrer que, tout comme Guzzo a toujours été là pour nous, nous sommes là pour eux.
Alors, Soutenez cette entreprise. Montrez que notre cinéma québécois, francophone a besoin d’un endroit pour vivre.
Cinémas Guzzo ce sont cinquante années de notre histoire culturelle. Célébrons ses 50 ans, non pas sous la menace de la fermeture, mais avec espoir et renouveau.
Parce que si nous perdons cette institution, où irons-nous ? Où présenterons-nous nos films ? où raconterons-nous nos histoires ? Nous aurions un endroit de moins pour réunir les familles autour de la magie du cinéma….
Au bout du compte on a beau faire des films, mais s’il manque des salles où allons-nous diffuser notre cinéma ? Sûrement pas dans notre cour arrière… Où sont les institutions ? Comment est-ce possible d’avoir ce silence de mort de la part des grandes pompes de la culture alors que la nouvelle est dans tous les journaux ? Serait-ce un aveuglement volontaire ? ou la diffusion de notre cinéma sera-t-elle une fois de plus relégué au dernier plan ?
Ma foi s’il y a moins de salles, c’est le Cinéma Francophone qui va en payer le prix face aux Blockbusters américains.
Sauvons Cinémas Guzzo, car ce sont aussi des centaines d’employés qui vivent sous la menace de perdre leur job à la veille de Noël.
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