SupraCell
Les supers pouvoirs de l’inclusion
Série Netflix
Par Serge Leterrier
« J’ai toujours été un grand fan du genre. J’aimais Heroes, Misfits, le vieux Batman, mais je n’ai jamais vu une histoire de super-héros qui était réaliste sur ce qu’une personne normale ferait si elle avait des pouvoirs. » Rapman (interview pour Cosmopolitan)
SupraCell est une série de super-héros unique en son genre, créée par le rappeur britannique Andrew Onwubolu, plus connu sous le nom de Rapman et diffusée sur la plateforme Netflix. Située dans le sud de Londres, la série suit cinq personnages principaux qui développent soudainement des superpouvoirs suite à une mutation génétique liée à la drépanocytose, une maladie qui affecte principalement les personnes noires.
Chaque personnage possède un pouvoir unique, allant de la super-vitesse à la téléportation, en passant par la manipulation du temps et de l’espace. Ces pouvoirs, bien que fantastiques, sont ancrés dans la réalité des personnages et sont utilisés comme une métaphore de la différence et un moyen de lutter contre les inégalités sociales et raciales.
« SupraCell se distingue des autres séries de super-héros en se concentrant sur des personnes réelles et leurs défis personnels plutôt que sur des martyrs ou des sauveurs du monde. » Rapman
SupraCell suit cinq personnes qui découvrent qu’elles ont des superpouvoirs et qui n’ont en commun que leur appartenance ethnique et leur résidence dans le sud de Londres. Chaque individu a sa propre vie et ses propres défis, mais lorsque la vie d’un couple est bouleversée, c’est à un homme de rassembler ces super-héros d’un nouveau genre pour tenter de mettre fin au chaos qui se profile. Nos héros choisiront ils d’aider les autres, ou bien de se sauver eux-mêmes ?
« Une série impressionnante d’imprévisibilité, pulsante de vitalité et d’urgence » Critique de Empire
La série a reçu des critiques positives et vaut carrément le détour pour les fans de dark fantasy teintée de critique sociale. The Guardian, Empire et Variety ont tous donné à la série des critiques élogieuses, soulignant son interprétation remarquable, son scénario brillant et son exploration unique de ce que signifie pour les Noirs en particulier d’acquérir des pouvoirs. La série explore des thèmes tels que le pouvoir, la responsabilité, le racisme, la discrimination et la lutte contre les adversités. Elle offre une perspective réaliste sur ce que des personnes ordinaires pourraient faire si elles avaient des superpouvoirs. C’était l’objectif de Rapman et il l’a atteint.
SupraCell se distingue par son réalisme, son ambiance rap et son engagement à raconter des histoires qui reflètent les expériences de sa communauté. Elle est un exemple parfait de la façon dont le genre des super-héros peut être utilisé pour explorer des questions sociales et politiques pertinentes.
Les pouvoirs
Les pouvoirs des personnages principaux :
*Michael Lasaki (joué par Tosin Cole). Un livreur amoureux de sa future épouse a le pouvoir de téléportation et de manipulation du temps.
*Sabrina (Jouée par Nadine Mills). Une infirmière a le pouvoir de télékinésie.
*Tazer (joué par Josh Tedeku) Un leader modeste œuvrant dans une cité a le pouvoir de devenir invisible.
*Rodney (joué par Calvin Demba). Un dealer sympathique possède le pouvoir de super vitesse et de manipulation de la foudre.
*André (joué par Eric Kofi-Abrefa). Un ex taulard innocent voulant se rapprocher de son fils a le pouvoir de super force.
Un autre personnage, Krazy Craig, (Joué par Ghetts)) Un chef de gang doté d’un égo surdimensionné a la capacité d’utiliser le pouvoir de n’importe quel autre SupraCell.
Mon Impression sur la série
La série SupraCell se distingue compétemment au sein de cet univers déjà saturé de récits similaires. L’ouverture de la série présente une femme noire en fuite, poursuivie par des forces armées dans un labyrinthe de béton. Cette scène intense évoque les violences policières systémiques contre les minorités racisées.
Elle est pour moi symbolique et les 8 minutes qu’elle prend au générique est cette lente agonie de George Floyd, étouffé par son bourreau policier (le 25 mai 2020 Aux Etats Unis). « Non l'homme noir n'est pas un crime » (dixit Salomon Ndedi Moussinga), Ce crime est lié à cette humanité qui ne reconnaît pas son frère de sang à travers les yeux de la création. Il suffit dès lors de porter un regard vers l'autre pour ne pas étouffer du « Je-nous » ce lien universel qui nous « uni-vers » lui. Cette impression m’a été inspirée par les images d’introduction de l’histoire. Le grand pouvoir dans cette perle visuelle est celui de la compréhension, de la compassion, de la tolérance bien évidement et aussi de l’inclusion sociale dans un tissu solidaire… Et même si ce n’est pas facile, comme l’exprime la série, ça vaut le coup d’essayer. Les combats les plus beaux se vivent lorsque nos battement de cœur s’unissent à ceux des autres pour donner au chaos l’harmonie, ensemble dans la lutte, avec un même regard et ce malgré nos différences…
« C’est là que je suis né et que j’ai grandi, je suis un vrai habitant du sud de Londres. J’ai vécu à Lewisham, Catford, Deptford, je connais le sud de Londres mieux que n’importe où ailleurs. J’y ai vécu tellement de premières expériences, c’est chez moi alors je voulais le mettre sur la carte. Je ne pense pas avoir vu une série qui représente vraiment ce qu’est le sud de Londres, donc aucune autre série ne le fait comme Supracell. » Rapman (interview pour Cosmopolitan)
Rapman
L’initiateur de la série
Né le 6 juin 1989 à Deptford, Londres, Rapman, dont le vrai nom est Andrew Onwubolu, est un rappeur, producteur de musique, scénariste et réalisateur britannique reconnu. Il est célèbre pour son approche consciente des thèmes sociaux et pour son style de narration distinctif à travers le rap.
Rapman a commencé sa carrière avec la trilogie Blue Story (2013-2014), qui dépeignait deux meilleurs amis de différents quartiers de Londres (Peckham et Deptford) devenant ennemis dans une guerre de quartiers violente et insidieuse. La série a été diffusée sur la chaîne YouTube SB.TV et a reçu des retours positifs. Blue Story a été suivie de plusieurs clips musicaux de charité pour SB.TV, y compris Hope (2015), Pay As You Go (2016) et Promise (2017). Sa renommée internationale a été propulsée par sa trilogie YouTube Shiro’s Story (2018), qui a gagné un culte parmi la scène musicale britannique et a conduit à sa signature avec Roc Nation de Jay-Z.
En tant que scénariste et réalisateur, Rapman a fait ses débuts avec Blue Story (2019), une adaptation de sa série YouTube du même nom. Parmi ses autres réalisations cinématographiques et télévisuelles, on compte American Son, le remake du film policier français de 2009 A Prophet, et la série de super-héros Netflix SupraCell.
En 2022, Rapman a été honoré par Elizabeth II et a reçu le titre de MBE pour ses contributions au drame et à la musique, grâce à son rap et à sa réalisation de films.
Rapman est aussi le père de trois enfants avec une ancienne partenaire. Ayant grandi dans un environnement difficile, cela a influencé son travail et sa vision de la vie. Il utilise son art pour raconter des histoires qui reflètent ses expériences et celles de sa communauté.
Netflix, célèbre pour ses succès fulgurants et inattendus grâce à sa politique d’autonomie des auteurs et à ses nombreux lancements, a récemment connu un succès mondial avec la création de Mon Petit Renne, sortie en avril 2024.
Cependant, le géant du streaming a déjà tourné la page. Alors que juin a été le mois des grandes sorties pour la concurrence, comme Max avec House of the Dragon, Prime Video avec la saison 4 de The Boys ou encore Disney+ avec Star Wars : The Acolyte, Netflix a choisi de miser sur des productions plus modestes mais tout aussi audacieuses. Parmi elles, la série Supracell, qui se distingue déjà depuis le 27 juin.
SupraCell est une série qui défie les conventions, brise les barrières et offre une voix à ceux qui sont souvent marginalisés dans la société. C’est une série qui mérite d’être regardée et appréciée pour sa représentation authentique et son approche novatrice du genre des super-héros.
« Dans notre histoire, vous ne savez tout simplement pas ce qui va se passer parce que nous sommes basés sur la réalité et parfois le rire ne fonctionne pas toujours. » Rapman
Une série à ne ps manquer
j'ai beaucoup aimé la série
Ce sera un plaisir à découvrir!