Une confrontation mère et fille qui traverse les siècles...
Madame de Sévigné réveillée par la caméra de Isabelle Brocard
Par Marie Ange Barbancourt
Rédactrice en Chef des Magazines et Directrice du développement Diamond History Group
Madame de Sévigné fait partie des correspondances les plus lues de la littérature française.
Ce film me rappelle de relire les grands classiques, Madame de Sévigné, je me souviens, j’en ai tellement entendu parler chez moi que ça faisait partie de la littérature de mon enfance. Isabelle Brocard arrive avec un film librement, inspiré des lettres de ce personnage marquant.
Au milieu du XIIe siècle, alors que la marquise veut faire de sa fille, une femme indépendante qui serait son alter ego, une femme éprise de liberté. À raison, elle ne veut pas que sa fille devienne une courtisane. Convoitée par le roi, elle va insister pour qu’elle épouse Monsieur Grignon, un noble. Mais Plus elle fera d’effort pour avoir son emprise sur la vie de sa fille plus elle va se rebeller. Elles vont expérimenter la route des tourments dans une relation dévastatrice.
Quant à Isabelle Brocard, elle est réalisatrice documentariste son champ exploratoire, ce sont des relations humaines complexes. Son premier long-métrage Ma compagne de nuit, avec Emmanuel Béart, est un drame où elle aborde un lien puissant entre deux femmes, l’une va mourir et l’autre va l’accompagner. en 2018 Des trous dans les murs et Un câlin sur l’épaule gauche, un documentaire sur des enfants qui accompagne un parent en fin de vie. Avec ce film, elle touche à une œuvre majeure. Elle dépeint la relation de Madame Sévigné avec sa fille à travers une correspondance qui, au fil du temps, est devenu une œuvre littéraire forte du XIIe siècle, Mettant face à face Karin Viard dans le rôle de la mère et Ana Girardot dans celui de la fille, incarnant avec habilité et justesse leur personnage respectif. La réalisatrice décortique, cette relation avec les images sombres et belles comme pour faire un parallèle avec cet amour troublant et la toxicité de la relation entre les deux protagonistes
Un film qui donne envie de redécouvrir les grands classique de la littérature française. Quoique la mise en scène emprunte quelques règles au théâtre, la réalisatrice a voulu occulter les grandes envolées littéraires mais ça manque au propos, on le regrette et probablement aura-t-elle fait exprès pour éviter un côté trop théâtral dans son film. Mais elle dépeint très bien la complexité d’une relation trop fusionnelle entre mère et fille qui frôle la folie. Aussi une intéressante lecture sur la liberté des femmes et leur condition sans tomber dans le misérabilisme d’une énonciation faisant de Madame de Sévigné une féministe avant l’heure.
Elle s’affirme, dissèque les sentiments humains à travers le prisme de l’amour entre mère et fille. Cette lecture des textes de Madame de Sévigné fait un clin d’œil à la condition humaine, aux cas classiques des mères qui veulent se projeter dans leur progéniture. Je ne peux pas dire que c’est un film enlevant. L’histoire s’installe tranquillement et on a envie qu’il y ait plus de mordant. Bon ! le choix de la réalisatrice en est un de liberté.
Réalisé par Isabelle, Brocard, coécrit par Yves Thomas, Madame de Sévigné Avec Karine Viard et Ana Girardot Avec aussi Cédric Kahn (monsieur Grignon) , Noémie Lvosky [Madame de la Fayette), Robin Renucci (Monsieur de La Rochefoucauld ), Cyrille Mairesse (la petite personne)
Le film sortira en salle au Québec le 10 mai Propulser par AZ Films
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