LE MELON ENTAME DE CHARDIN
Les fruits de la passion
Les brèves de l’été d’Anthony Xiradakis
« Le Melon entamé est un pur instant de poésie picturale, un moment parfait où s’exprime toute la magie de Chardin : l’équilibre de la composition, de la lumière, des couleurs, des formes », Pierre Étienne, Directeur international du département des Tableaux anciens chez Christie’s
Le 12 juin 2024, Christie's a mis aux enchères Le Melon entamé de Chardin. Provenant de prestigieuses collections privées, ce chef-d’œuvre de la nature morte avait été estimé entre 8 et 12 millions d'euros. Un véritable tremblement de terre a secoué la salle des ventes en affichant un nouveau record des ventes.
La petite histoire
Le Melon entamé de Chardin a éclipsé tous les records de vente précédents lors d’une enchère ahurissante chez Christie’s Paris, établissant un nouveau sommet pour l’artiste et pour une peinture française du XVIIIe siècle.
Jean Siméon Chardin, est un maître incontesté de la nature morte. Son œuvre, Le Melon entamé, signée et datée de 1760, est un chef-d’œuvre ovale sans égal. Sa composition, qui juxtapose une tranche de melon sur un melon entier, entourée de bouteilles et d’un pichet, évoque une rare sérénité et harmonie visuelle. La finesse de la lumière et l’équilibre des formes témoignent du génie de Chardin.
Ce tableau, présenté au Salon de l’Académie en 1761, a un parcours historique riche et envoutant. Initialement acquis par Jacques Roettiers, orfèvre de Louis XV, il a été transmis à la famille Marcille . Après le décès de leur père, la collection a été divisée entre Camille Marcille (1816-1875) et Eudoxe Marcille (1814-1890). Le Melon entamé a été vendu suite au décès de Camille Marcille en 1875. C’est alors que le marchand Stéphane Bourgeois a acquis le tableau pour la baronne Nathaniel de Rothschild (1825-1899), une collectionneuse passionnée aux préférences diverses. Aujourd’hui, ce sont ses héritiers qui se séparent de cette peinture, qui est dans un état de conservation impeccable.
Le tableau, qui est resté dans cette collection jusqu’à sa vente, témoigne de l’intérêt constant et renouvelé pour l’art de Chardin.
Il y a quelques mois, une autre œuvre de Chardin - Le Panier de fraises des bois - avait déjà créé une onde de choc dans le monde de l’art, vendue pour 24,3 millions d’euros au Louvre après une intense campagne de mécénat.
Le Melon entamé a surpassé cette vente, reflétant l’appréciation croissante pour les chefs-d’œuvre de Chardin, souvent considérés comme démodés, mais dont la beauté intemporelle continue de séduire les collectionneurs et les amateurs d’art.
Le record a donc été battu avec une vente adjugée pour 26,7 millions d’euros !
La prouesse de cette vente ne réside pas seulement dans le montant impressionnant atteint, mais aussi dans la résonance historique et émotionnelle de l’œuvre. Le tableau a voyagé, exposé à New York et Hong Kong avant de revenir triomphalement à Paris pour cette enchère mémorable.
Cette vente record marque une étape importante dans l’histoire des enchères et réaffirme le statut de Chardin comme un titan de la peinture du XVIIIe siècle.
« Chardin demande qu’on lui consacre du temps, qu’on regarde ses tableaux lentement », Pierre Rosenberg (1979)
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