Le Couturier Helmer sur la Route du Coton
Par Marie Ange Barbancourt
Rédactrice en Chef des Magazines Diamont-History-Group
La route du coton c’est le chemin qu’on a emprunté jeudi soir dernier pour parcourir la vision du couturier Helmer qui veut, dans cette collection, ennoblir des tissus généralement utilisés dans la fabrication des costumes traditionnels et folkloriques haïtiens.
Le couturier fait montre de son savoir pour donner ses lettres de noblesses à ces matières souvent décriées redessinant ainsi une nouvelle route du coton.
Un défilé présenté au WIP dans le cadre du mois de l’histoire des noirs. Helmer pose là un œil avant-gardiste sur le Karabella (Chambray), le Siam ( toile de coton) l'Abako (Jeans) nous offrant ainsi un festin visuel.
Pourquoi la route du coton ?
« C’est comment, nous arrière petit-fils d’esclaves, comment on voit le coton aujourd’hui de façon moderne, les sacs, les manteaux, les Blousons pour que les jeunes s’y intéressent.»
Un Expo-cocktail dinatoire concocté par le Grand chef Paul Toussaint peu avant le défilé nous a permis d’admirer les oeuvres de trois artistes peintres: Marie Denise Douyon, Pascal Smarth et Komi Seshie. Un projet de valorisation des métiers d’arts et du patrimoine culturel haïtien soutenu par le Ministère des Affaires étrangères et des Cultes de la République d’Haïti. Sous la direction artistique de Tinashe Musara. Avec la collaboration de Nicole Baptiste de SAVAC et Mosaïque interculturelle,
Cet évènement mode qui fera de la route sans colons et bateaux prendra le chemin des Etats-Unis, du Cap-Haiïtien (ville jumelée avec la Louisiane) la Nouvelle-Orléans, Atlanta, Miami, Washington, New York et Boston.
« L’UNESCO est intéressé par le projet. On doit aussi envoyé un dossier au Brooklyn Museum qui probablement s’y intéressera parce que nous croyons que cette histoire concerne aussi les américains »
Helmer un nom, un style, un code, Une signature Glamour made in Haïti-Canada.
Né aux Gonaives en Haïti, Helmer est diplômé de plus de quinze écoles de mode, Citons le Collège la Salle (Montréal), ESMOD (Paris) Il étudie à l’école Lesage spécialisée en Broderie d’art, l'École de la chambre syndicale de la haute couture à Paris (devenu aujourd'hui l'Institut français de la mode) il fait des écoles d’art textile, de Chapeau, maquillage, Sérigraphie. Bref ! Helmer est une mine de savoir dans son domaine. Pendant 20 ans, il a travaillé pour les plus grands noms de la mode, dont Dior, Mugler, Galliano, Rochas, et j’en passe.
« Il y a le style, et il y a une identité, une personnalité propre à chaque designer c’est ce qui fait qu’il fait carrière. Pour exister, pour arriver à quelque chose il faut bien s’adapter. Chacun a sa façon de s’exprimer, chacun son code de l’élégance »
Helmer est celui qui ose et il nous a présenté un ensemble où le manteau truffé de ce qu’on pourrait appelé des gros mots ne fait même pas sourciller tant c’est fait avec élégance mais, qui à mon avis suscite une réflexion identitaire.
« Il y a plein de choses qu’on néglige on dit des jurons en québécois en anglais en français, il y en a aussi créole, »
Quand on parle d’Haïti on pense à ce qui est montré tous les jours dans les nouvelles, la réalité sociopolitique de ce pays prend toute la place et on oublie souvent que beaucoup de gens issus de ce peuple ont un parcours extraordinaire . Le mois de l’histoire des noirs a été crée justement pour mettre à l’avant-plan ceux qui marquent par leur apport les communautés du monde et leur propre communauté tout en ayant un impact réel pour les générations présentes et futures.
Une école Pour donner au suivant
Helmer Joseph est directeur fondateur d'une école de mode et de métiers d'art à Jacmel en Haïti traçant ainsi un chemin à une génération en quête de savoir et de travail bien accompli. À Montréal, le Couturier enseigne à L’Université du Québec, à Montréal, à l’école supérieur de mode (UQAM)
La route du coton! un devoir de mémoire à travers des créations de Helmer Joseph.
Il y a un an j’ai publié un article sur son parcours dans notre Magazine Cinéarts Diamont, je vous invite à relire ou à lire cet article pour avoir un aperçu de la dimension de ce couturier.
Pour la petite histoire
C’est en 1926 qu’un historien Afro-Américain a institué le «Negro History Week» qui avait lieu la deuxième semaine de Février pour mettre à l’avant-plan l’apport des noirs dans la société américaine en la faisant coïncider avec l’anniversaire de Abraham Lincoln (16e President américain qui a abolit l’esclavage, mort assassiné en 1865) et Frederick Douglass (Afro-américain abolitionniste 1818-1895, Editeur et fonctionnaire, ancien esclave) Ce n’est qu’en 1976 que ça a commencé à avoir de l’ampleur pour devenir le mois de l’histoire des noirs lors des célébrations du bicentenaire des États-Unis.
Quant au Canada dès 1950 on a célébré le « Negro History Week» à Toronto. Au début des années 70 le Canada tout entier suit et en 1976 on passera de la semaine au mois de l’histoire des noirs. En 1995 viendra une adoption officielle de la chambre des communes. Le sénat va emboiter le pas en 2008.
J'eusse été à Montréal, J'aurais apprécié. C'est très coton comme expérience. J'aime