BABY GIRL
De Halina Reijn
Performance sulfureuse
Par Anthony Xiradakis
Le cinéma indépendant continue de repousser les limites avec Babygirl, le nouveau long-métrage de la réalisatrice néerlandaise Halina Reijn, qui a fait sensation lors de sa présentation à la Mostra de Venise 2024. Ce drame érotique audacieux met en vedette Nicole Kidman dans l'un des rôles les plus provocateurs de sa carrière, suscitant à la fois l'admiration et la controverse.
L'intrigue du film se concentre sur Romy, une PDG influente d'une entreprise de robotique à New York, incarnée par Nicole Kidman. Malgré une vie apparemment idyllique avec un mari aimant (joué par Antonio Banderas) et deux filles adolescentes, Romy se trouve sexuellement insatisfaite. Sa rencontre avec Samuel (Harris Dickinson), un jeune stagiaire charismatique, déclenche une liaison passionnée qui la pousse à explorer ses désirs les plus profonds et à remettre en question sa vie bien ordonnée. À 57 ans, Nicole Kidman livre une performance remarquable et sans compromis qui a conquis la critique. La caméra capture avec sensibilité les nuances de son visage et l'intensité de son plaisir, offrant l'une des prestations les plus authentiques et crues de sa carrière.
L'alchimie entre Kidman et le jeune Harris Dickinson est palpable, donnant lieu à des scènes de sexe intenses mais jamais gratuites. Babygirl se distingue par son traitement mature et complexe de thèmes tels que le désir féminin, les dynamiques de pouvoir et le consentement. Le film aborde le BDSM et la négociation des limites personnelles de manière rafraîchissante, tout en maintenant une satire mordante de l'ère post-#MeToo.
Cette approche nuancée offre un regard nouveau sur la sexualité féminine, remettant en question les stéréotypes et les attentes sociétales.
Halina Reijn
La maitrise de l’image
La réalisation de Halina Reijn joue un rôle crucial dans l'établissement de l'atmosphère unique et complexe de Babygirl. Pour son troisième long-métrage, la réalisatrice démontre une maîtrise impressionnante de son art. Sa mise en scène subtile parvient à équilibrer habilement l'érotisme assumé et la réflexion sociétale, évitant les pièges de la facilité ou du jugement moral.
Sa mise en scène subtile permet d'aborder des thèmes matures comme le désir féminin, les dynamiques de pouvoir et le consentement de manière nuancée et rafraîchissante.
Elle adopte ainsi un ton qui mélange habilement tension et humour caustique, ce qui donne au film une ambiance à la fois sexy, sombre et imprévisible.
Halina Reijn n'hésite pas à provoquer et à jouer avec les attentes du spectateur, remettant constamment en question nos certitudes sur les relations de pouvoir et la sexualité.
Sa réalisation se caractérise également par sa finesse et sa capacité à suggérer plutôt qu'à asséner des vérités absolues. Elle reste « sur le fil du rasoir », évitant les banalités du genre et préférant une approche plus subtile et nuancée
Enfin, sa mise en scène contribue à créer une atmosphère où le film peut aborder des thèmes sérieux tout en restant divertissant. Elle parvient à maintenir un équilibre entre la réflexion profonde et l'aspect ludique du film, rappelant au public que malgré la gravité des sujets abordés, le film est aussi censé être amusant.
Le succès critique de Babygirl est indéniable, avec une moyenne impressionnante de 82/100 sur Metacritic. Les critiques saluent unanimement la densité du scénario, la performance exceptionnelle de Nicole Kidman et la manière dont le film aborde la sexualité à l'écran. Cette réception positive positionne Babygirl comme un incontournable du cinéma indépendant de l'année.
En abordant des sujets complexes avec nuance et audace, le film promet de susciter de nombreux débats lors de sa sortie. Le film, distribué par A24 aux États-Unis, est prévu pour une sortie le 25 décembre 2024, s'annonçant comme l'un des films les plus provocants et stimulants de l'année.
Babygirl est un cocktail explosif de désir et de pouvoir, où Halina Reijn et Nicole Kidman redéfinissent les contours du cinéma érotique, nous offrant un miroir troublant de nos propres fantasmes et tabous, tout en nous rappelant que la véritable sensualité réside souvent dans ce qui n'est pas montré.
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